Il y a presque un an, j'ai dit au revoir à la grisaille parisienne, aux bousculades dans le métro et aux engueulades sur le périph'. Mais j'ai aussi laissé derrière moi les balades en vélo sur les quais au printemps, les apéros entre copains sur le canal Saint-Martin et la possibilité d'acheter à peu près n'importe où du vrai bon pain, sans avoir à envisager de prendre un crédit à la consommation...
Voici une liste, évidemment subjective, de mes tops et mes flops australiens.
Les TOPS
La gastronomie. "Ca va, ça te manque pas trop la cuisine française ? Parce que bon, les Australiens, ils ont quand même aucune spécialité hein..." Voila ce que me disent la plupart de mes amis et ma famille en France quand ils prennent de mes nouvelles. Et à cette question, pleine d'a prioris, je leur réponds non. Parce que ce que j'ai découvert en arrivant ici, c'est qu'il existe une diversité gastronomique qui est sans équivalent en France. Certes, les plats "typiquement" australiens, comme les meat pies et les sausage rolls, ça fait pas rêver. Mais c'est peut-être en raison de cette pauvreté culinaire que l'Australie s'est montrée si accueillante envers les spécialités venues d'ailleurs. Qu'il s'agisse de la cuisine asiatique, infiniment plus variée et bien meilleure que ce qu'on trouve en France, la cuisine méditéranéenne, omniprésente et délicieuse ou même les kebabs, je trouve qu'on mange bien mieux ici qu'en France. Et on ne va même pas parler du café, qui est ici d'une qualité tellement exceptionnelle que même l'ogre Starbucks n'a pas réussi à s'implanter ici aussi massivement que dans le reste du monde. Alors bien sûr, certains plats français, ou simplement populaires en France, comme le couscous, me manquent. Mais pas au point d'en avoir le mal du pays. Ceci dit, j'ai ramené dans mes valises une machine à raclette...
L'administration. C'est tout simplement bluffant d'efficacité. Mon premier contact avec l'administration australienne a eu lieu quelques jours seulement après mon atterrisage et c'était pour "convertir" mon permis de conduire français en permis australien. Je me rappelle être entré dans un bureau de "Service NSW" avant tout pour me renseigner sur les démarches à accomplir et récupérer les formulaires à remplir. Au final, j'en suis ressorti 40 minutes plus tard, après n'avoir rempli qu'un seul formulaire, avec mon permis australien (provisoire) en poche ! Le vrai est arrivé par la poste trois jours plus tard. Par comparaison, le permis de conduire international, que j'avais fait faire avant de partir, s'est fait attendre pendant presque trois mois, pour ne m'être remis qu'une semaine avant mon départ... Même efficacité pour se faire remettre la carte Medicare et que dire de la multiplicité des services administratifs en ligne (TFN, "rego", ABN..., la France s'est pas mal rattrapée en la matière ces dernières années). On précisera néanmoins que cette efficacité n'est pas gratuite. Tous ces papiers sont faits gratuitement en France. Ce n'est pas le cas en Australie, où même pour une simple carte d'identité ("proof of ID"), il faut payer...
L'impôt sur le revenu. A défaut d'être aussi progressif et individualisé qu'en France, le système australien a le mérite d'être limpide. Il existe sept paliers d'imposition entre lesquels le taux de l'impôt est net et précis. Ce n'est pas le cas de la France où outre les revenus, est pris en compte le statut conjugal, le nombre d'enfants à charge, le type de profession exercée, sans compter les innombrables niches fiscales, qui rendent le système totalement opaque et suscitent, à juste titre, une défiance immense. On regrette en revanche l'abattement général de 10% qui existe en France et qui oblige ici, du moins si l'on souhaite payer le moins d'impôts possibles, de conserver l'ensemble des justificatifs de dépenses (tels que les tickets pour vos pleins de carburant...) qui peuvent être déduits de vos impôts. Le sytème français a sur ce point, le mérite de simplifier la vie d'un très grand nombre de contribuables, pour qui les frais professionnels représentent moins que ces fameux 10% d'abattement.
Le rythme de vie. C'est l'une des choses qui m'ont le plus surpris en Australie. Ici, on se lève tôt. Et même très tôt. On peut voir des gens courir à Bondi Beach dès 5h30 (avant d'aller travailler) et les autoroutes menant au centre sont bouchées dès six heures. A l'inverse, on se couche assez tôt, on traîne rarement le soir au travail et au final, étant donné le climat, c'est un rythme plutôt sain, et même agréable, quand on finit par prendre le pli.
Pour la défense des Français, on précisera que même s'ils souhaitaient commencer leur journée plus tôt, on ne leur facilite pas les choses. Même à Paris, en dehors des cafés (et pas tous) et des boulangeries, difficile de trouver un commerce ou une salle de sport ouverte avant 9 heures...
La "positive attitude". La France, les Français, et les Parisiens en particulier, semblent depuis quelques années être tout le temps, ou presque en colère. Bien sûr, râler fait partie intégrante de notre culture mais à ce point là, c'est assez inédit. Quelque soient leurs origines, leur classe sociale, les Français semblent de plus en plus nombreux à en vouloir à quelque chose ou à quelqu'un et à considérer que "c'était mieux avant".
C'est tout l'inverse en Australie. Peut-être parce qu'il s'agit d'un pays "jeune", que presque un habitant sur trois est né à l'étranger (et bien souvent, dans un pays où leurs conditions de vie étaient beaucoup plus difficiles), les gens sont ici bien plus optimistes et d'ailleurs, le sentiment général ici c'est plutôt "demain sera mieux qu'hier". Le matelas social est pourtant ici bien moins épais qu'en France. Mais il est également vrai qu'ici le taux de chômage est à 5%, ce qui correspond à une situation de plein emploi, que la croissance économique dure sans discontinuer depuis 28 ans (un record mondial) et que le salaire moyen est l'un des plus élevés du monde...
Les FLOPS
Les gâteaux. Si dans l'ensemble, l'offre culinaire en Australie dépasse largement mes espérances, je dois reconnaître que le rayon gâteaux des supermarchés m'a énormément déçu. L'offre est pléthorique et en même temps extrêmement réduite, puisqu'elle tient en deux catégories: les gâteaux tous secs qui n'ont pas de goût et ceux tellement gras qu'on a l'impression de manger un morceau de beurre...
On a bien essayé de me convertir aux fameux Tim Tams: ça passe encore mais au bout de trois, je suis complètement écoeuré (tout en ayant toujours cette fringale que trois gâteaux n'ont pas réussi à faire disparaître).
Et donc je n'ai pas trouvé de remplaçants aux Prince, aux Petits Beurres, aux Petits Ecoliers ou encore aux Figolu... En la matière, la route est encore très longue pour l'Australie...
La conduite. Certes, en tant que Parisien, je m'exprime en la matière avec des antécédents qui ne plaident pas en ma faveur... Je suis un conducteur pressé, c'est vrai, mais aussi très prudent. Je n'ai d'ailleurs jamais eu d'accident, ici ou en France... Mais j'ai quand même eu une énorme surprise sur les routes de Sydney, une ville de six millions d'habitants tout de même, en découvrant qu'ici les gens conduisent mal mais sont en plus mous du volant... C'est à croire qu'ils aiment passer du temps dans leur voiture, coincés dans les bouchons. Je reste toujours étonné quand j'arrive à un feu rouge, que quinze voitures sont en file indienne sur la même file, alors qu'il y a deux autres voies juste à côté qui sont vides... Je reste aussi bluffé par leur incapacité à faire un créneau s'ils ne trouvent pas une place assez grande pour y garer un "road-train". Et le plus étonnant, c'est que cette molesse au volant s'accompagne étonnamment d'une agressivité qui n'est pas sans rappeler celle des Parisiens (mais qui eux, ont le mérite d'être efficaces, à défaut d'être toujours très prudents). Elle est particulièrement aigue envers les rares qui comme moi, se déplacent en deux-roues...
Les transports en commun/la cyclabilité. Sans doute le plus gros point faible des villes australiennes. Le métro parisien, malgré ses nombreux défauts, est un moyen de transport sans égal, ou presque à travers le monde. Il surclasse en tout cas aisément ceux qu'on trouve à Sydney, où les trains, qu'on peut davantage comparer à des RER qu'au métro, ne permettent pas d'aller dans tous les quartiers et ce malgré des tarifs extrêmement élevés. Et encore, je ne parlerai pas du prix ridicule dont il faut s'acquitter pour aller ou partir de l'aéroport. C'est quand même mieux à Melbourne où le réseau de tramway dessert bien mieux la ville et fonctionne toute la nuit le week-end depuis trois ans. Mais là aussi, les tarifs (en dehors bien sûr de la Free Tram Zone) sont élevés et la fréquence de passage, en dehors des heures de pointe, pas digne d'une ville de cette envergure.
Quant aux trains régionaux ou Inter-Etats, c'est carrément un retour au XIXe siècle... 3 heures pour faire Sydney-Newcastle, deux villes pourtant séparées par seulement 160 km. Au moins, on a le temps d'apprécier le paysage... Et comment se fait-il qu'il n'y ait pas de train à grande vitesse entre Sydney et Melbourne, dont la distance, 900 km, est la même qu'entre Paris et Marseille ? Est-il vraiment normal que le deuxième corridor aérien le plus chargé du monde (entre ces deux villes donc) se trouve dans un pays de seulement 25 millions d'habitants ?
La télévision. Soyons honnêtes, ce n'est pas terrible non plus en France, où je ne la regardais presque plus avant mon départ, si ce n'est pour quelques "gros" matches de foot et une ou deux émissions du service public, du type "Envoyé spécial". Mais alors en Australie, la télé, c'est quand même "50 nuances plus sombres" ! J'ai l'impression de n'y voir quasiment que des émissions de télé-réalité et les rares fois où on voit des films, il faut être prêt à ce qu'il soit interrompu six à huit fois par des coupures publicitaires parfois plus longues que le morceau de film qu'on vient de voir. Bref, j'ai plus ou moins renoncé à regarder la télé, je ne suis de toute façon pas parti vivre à 17 000 km de là où je viens pour rester affalé dans mon canapé.