Imaginez les pubs sans pintes, les Australiens privés de leur rafraîssante écume amère, leur fameuse mousse … Gloups. A l'évocation de cette (sombre) perspective, on en voit déjà qui peinent à déglutir. On en n'est certes pas là mais tout de même : la proposition d'un nouveau régime fiscal a été mise sur la table par la (FARE).
Cette association indépendante et non lucrative a osé suggérer que les bières à la pression soient taxées au même niveau que les bières achetées en pack au bottle shop du coin. En clair, cela reviendrait à quintupler l'impôt actuel sur les bières légères servies dans les pubs et à doubler celui qui frappe les moyennement fortes et les fortes.
Les Australiens paieraient donc 2,9 milliards de dollars d'impôts supplémentaires mais pourraient voir leur consommation réduite de près de 10%. Car c'est bien sûr le but de la manœuvre : faire monter les prix pour faire baisser l'éthylotest. Entre autres arguments, le président de la FARE avance notamment le coût médico-social induit par la consommation d'alcool et payé chaque année par les contribuables australiens. « Il y a un écart d'environ 5 à 6 milliards de dollars entre ce que nous récupérons en impôts sur l'alcool et ce que cela coûte au gouvernement et aux contribuables qui ramassent les morceaux de l'alcoolisation », a déclaré Michael Thorne sur les ondes de radio 2gb.
Melbourne déjà dans le top 10 des pintes les plus chères du monde
La « tap beer » ou bière à la pression est-elle vraiment sous-taxée ? Tout dépend de quel point de vue on se place. Dans le contexte australien, elle est clairement moins imposée que d'autres alcools mais si l'on change d'échelle, on s'aperçoit que les pintes australiennes ne sont pas toujours abordables. Ainsi le Sydney Morning Herald cite une réalisée par la Deutsche Bank qui classe Melbourne et Sydney parmi les villes du monde où la pinte de bière est la plus chère. Melbourne arrive en huitième position (deux rangs derrière Paris) avec une moyenne de prix à 6,70 dollars américains et Sydney à la vingtième place avec la pinte à US$5,40.
Si les gérants de débits de boissons, l'association australienne des brasseurs et l'Australian Hotels Association ont sans surprise condamné la proposition de la FARE, quelle chance (certains parleront plutôt de risque) celle-ci a-t-elle d'être positivement accueillie par les pouvoirs publics ? La guerre des lobbys est ouverte...